© Pierre-François Watras

Ouverte aux Class40, Imoca, Ocean Fifty, monocoques et multicoques vintage, l’édition 2024 de The Transat CIC, qui s’élancera le 28 avril de Lorient à destination de New York, accueillera également des voiliers cargos. Une grande première, souhaitée par OC Sport Pen Duick pour mettre en avant les projets liés à la décarbonation du transport maritime. 

Des voiliers cargos sur une transat en solitaire réservée habituellement aux unités de course au large les plus modernes ? Les organisateurs de The Transat CIC ont choisi d’innover pour cette édition 2024 de la “transat anglaise”, de retour après huit ans d’absence (elle avait été annulée en 2020 pour cause de Covid). “L’idée d’inviter des navires de commerce à propulsion vélique sur une course m’a été soufflée il y a deux ans par le skipper Adrien Hardy, raconte Stéphane Bourrut Lacouture, responsable RSE chez OC Sport Pen Duick, la société organisatrice de The Transat CIC depuis 2012.

L’idée a visiblement germé pour devenir concrète en 2024 : “Dans le cadre de notre démarche RSE, nous utilisons les événements comme plateforme d’impact pour sensibiliser le grand public à une cause. Si la thématique retenue est souvent liée à la protection de l’océan, cette fois-ci, nous avons souhaité mettre en lumière des projets liés à la décarbonation du transport via des solutions véliques, un secteur qui représente actuellement 3% des émissions mondiales de gaz à effet de serre”, poursuit Stéphane Bourrut Lacouture. Cette démarche a tout de suite reçu le soutien du CIC, “un partenaire titre très aidant sur le sujet puisqu’il est investi depuis plusieurs années sur ce volet-là”, souligne-t-il encore. Le groupe bancaire finance effectivement le premier des quatre cargos à voiles développés par la société TOWT, qui sera mis en service courant 2024.

Quels navires seront acceptés dans cette catégorie spéciale entre Lorient et New York ? Tous ceux disposant d’une capacité de transport de 2 tonnes minimum et d’une aide vélique leur permettant une réduction substantielle de leur empreinte carbone, et ce, quelle que soit la solution technologique privilégiée – voiles standards, ailes rigides, ailes de kite… Ces voiliers cargos, qui ne sont pas soumis aux mêmes règles de course, courront en équipage en catégorie exhibition et seront classés selon une formule qui intégrera le temps de traversée, le tonnage de marchandises transportées et la consommation de carburant.

 ©  Pierre-François Watras

Le Pingouin sera de la partie

Même si de nombreux projets de transport vélique commencent à émerger et sont, pour certains, en passe d’être concrétisés, les bateaux existants sont aujourd’hui encore peu nombreux, si bien que l’organisateur de The Transat CIC ne s’attend pas pour cette première à une grosse participation. D’autant qu’une autre problématique se pose à lui : trouver des navires de commerce dont le planning et la ligne de transport coïncident avec la course. A ce jour, la catégorie compte un inscrit, un ancien Imoca reconverti en voilier cargo par la La Compagnie Marine, une ligne de transport de marchandises 100% à la voile, dont les dirigeants ont été immédiatement séduits par l’idée.

“Notre planning concordant à celui de la course, nous sommes ravis de pouvoir montrer qu’un Imoca déclassé ne pouvant plus courir le Vendée Globe reste malgré tout performant et peut être réutilisé pour transporter des produits de haute valeur ajoutée et de luxe de Port-la-Forêt vers New York”, se réjouit Alexandre Billot, l’un des fondateurs de la société. Le bateau en question est le fameux Pingouin, plan Lombard mis à l’eau en 1998 par la navigatrice Catherine Chabaud, qui compte cinq participations au Vendée Globe à son actif, dont trois bouclés, le dernier en 2020 par Alexia Barrier.

Acheté à la navigatrice par La Compagnie Marine il y a un an et demi, il a été aménagé afin de transporter 10 à 11 m3 de marchandises. À terme, la compagnie souhaite d’ailleurs étoffer sa flotte avec d’autres bateaux de course. “Le lien avec la course au large est extrêmement fort à Lorient et d’un point de vue RSE, l’idée de donner une seconde vie à ces voiliers de course est très intéressant”, se réjouit Stéphane Bourrut Lacouture.

Et ce dernier de préciser qu’OC Sport Pen Duick est également en contact avec les responsables d’autres projets, notamment TOWT, même si les timings sont assez serrés, puisque la livraison du premier voilier cargo, en cours de construction au sein des chantiers Piriou à Concarneau, est prévue au printemps prochain. Autre scénario sur lequel planche l’organisation : l’accueil de ces navires au sein du port de Lorient pour mettre en avant ces projets pionniers dans le domaine de la décarbonation maritime. Dans tous les cas, le village de The Transat CIC proposera aux visiteurs de découvrir les différentes innovations véliques existantes en la matière, comme les ailes rigides, les voiles souples ou les ailes de kite… L’occasion de montrer également les transferts de compétences et de technologies de la course au large vers le transport maritime vélique.