© Pierrick Contin / Team Bleu Blanc
Après une première expérience sur la dernière Route du Rhum-Destination Guadeloupe auprès d’un skipper amateur, Hervé Thomas, Bleu Blanc, spécialisé dans la location de matériel de travaux publics sans chauffeur, monte en gamme : le groupe accompagne désormais Quentin Le Nabour pour trois ans, toujours sur le circuit Class40, mais avec un bateau neuf, récemment baptisé. Avant sa première course, The Transat CIC, son PDG Philippe Jan, qui a racheté l’entreprise basée à Laval en 2002, explique les raisons de ce partenariat.
Vous vous êtes lancé dans la voile il y a deux ans, vous franchissez un pas de plus en accompagnant désormais un projet professionnel, comment avez-vous découvert cet univers ?
Ça fait dix ans que j’y réfléchis ! Je suis moi-même passionné de sport, mon premier métier a été prof de tennis, ma seconde passion a été le football, puisque j’ai été dix ans président du Stade Lavallois, dont je suis d’ailleurs toujours actionnaire. Je cherchais un sport qui puisse faire rayonner notre marque ; or, des sports qui portent le nom d’une entreprise, je n’en connais que trois, la Formule 1, inaccessible, le cyclisme et la voile. J’ai été attiré par la voile pour deux raisons principales : d’abord, parce que le groupe est positionné dans le Grand Ouest, ensuite, parce que notre marque s’appelle Bleu Blanc et correspond donc bien à la mer, on a d’ailleurs un certain nombre d’agences en bord de mer. Il se trouve que j’ai aussi une relation amicale avec Samuel Tual (patron d’Actual), j’ai beaucoup observé leur partenariat avec Yves Le Blevec, qui avait commencé en Mini 6.50, j’avais bien aimé ce projet gradué et de long terme.
Pourquoi ne pas avoir dès lors débuté par le Mini ?
C’est ce que j’ai voulu faire il y a dix ans en me disant qu’il fallait commencer petit pour apprendre les codes de la voile. Je me suis mis à chercher un skipper, mais je n’ai trouvé ni le projet ni la personne qui m’intéressaient. J’ai laissé tomber l’idée et finalement, je suis revenu il y a deux ans en accompagnant Hervé Thomas, un skipper amateur, sur la dernière Route du Rhum-Destination Guadeloupe en Class40. On n’a pas brûlé d’étape parce qu’on est partis sur un projet dont l’unique ambition était d’arriver, pas de gagner. Il a d’ailleurs fait une très belle course, en remplissant son objectif (36e place). De mon côté, ça m’a permis de comprendre comment cet univers fonctionnait. J’ai alors décidé de créer une structure professionnelle, Jan Sport Promotion, pour monter en puissance.
Pourquoi Quentin et pourquoi continuer en Class40 ?
J’ai rencontré Quentin qui coachait Hervé Thomas, j’ai aussi vu pas mal d’autres personnes, mais j’ai trouvé que Quentin était celui qui nous correspondait le plus. D’abord, parce que, pour faire écho à ce que nous faisons au sein de l’entreprise, à savoir favoriser la promotion interne, je recherchais un skipper en devenir, qui n’avait pas forcément eu sa chance en tant que numéro 1. En plus, parce que je trouvais qu’il collait bien avec les valeurs que nous défendons, à savoir de l’humilité, mais aussi l’abnégation et la détermination. Pour ce qui est de continuer en Class40, l’objectif étant la Route du Rhum-Destination Guadeloupe 2026, je voulais un projet « monomarque », qu’il contribue à vraiment identifier nos couleurs. Ça n’aurait pas été possible sur des bateaux plus grands, où, pour des raisons budgétaires, j’aurais été obligé de partager le nom avec un ou d’autres sponsors. Ce qui a aussi joué, c’est que dans le département de la Mayenne, on avait déjà un Ultim avec Actual, un Imoca avec V and B-Monbana-Mayenne, on vient en complément avec notre Class40 !
Concrètement, comment s’est monté ce projet ?
On s’est engagés pour trois ans, notre objectif est de s’installer dans la durée, ce qui me paraît important dans le sponsoring sportif. On a hésité entre acheter un bateau d’occasion ou construire un neuf avec une carène de dernière génération. Comme le projet est ambitieux, c’est ce qu’on a décidé de faire, en faisant appel à un super architecte, Sam Manuard, qui nous a dessiné le premier Mach 40.6, et à un chantier de premier plan, JPS, dirigé par Nicolas Groleau. Quentin est arrivé assez tôt dans le projet, parce que je voulais qu’il suive les étapes majeures de la construction pour bien connaître son bateau, faire corps avec lui. A côté de ça, on a développé un volet solidaire en soutenant l’association Vaincre Usher2, pour venir en aide aux enfants atteints du syndrome d’Usher, qui naissent avec des problèmes de vue et d’audition. On veut aussi que le projet soit responsable sur le plan environnemental, on va faire beaucoup d’efforts sur l’impact carbone.
L’objectif, c’est de jouer les premiers rôles ?
Je considère que la pression ne fait pas avancer un sportif, donc je ne vais pas la mettre sur Quentin. Il faut y aller étape par étape ; aujourd’hui, on sait que tous les éléments ne sont pas encore réunis, Quentin doit d’abord découvrir le bateau, avec une grosse échéance qui arrive très tôt dans la vie du projet, The Transat CIC, qu’il faut donc prendre avec hauteur et recul. Ça ne sert à rien de se mettre de la pression pour rien, la victoire ne se commande pas, elle vient par rapport à ce que vous avez fait avant. Aujourd’hui, on est déjà très fiers de ce qui a été réalisé, c’est déjà une première victoire d’avoir réussi à monter ce projet qui est bien né parce que l’équipe a beaucoup travaillé en amont.