© Yvan Zedda / MACSF
Depuis plusieurs années, des entreprises s’engagent et mettent en place des initiatives concrètes pour permettre aux femmes de se faire une place dans la voile de compétition. Illustration avec la MACSF, La Boulangère et le groupe Paprec.
Elle fait partie des visages identifiés de la course au large. Mini, Figaro, Class40, Imoca : à 46 ans, Isabelle Joschke a gravi tous les échelons jusqu’à participer au dernier Vendée Globe et préparer le prochain. En parallèle, elle a lancé il y a dix ans l’association Horizon Mixité afin de “mettre davantage de mixité là où il y en a peu“. “D’une certaine manière, toutes les femmes qui font partie du haut niveau portent ce message, même si elles ne le revendiquent pas”, explique la navigatrice, qui salue “les sponsors qui soutiennent des femmes pour faire fructifier leur capacité à gagner”.
Cet engagement est justement partagé par le sien, la MACSF, à ses côtés depuis 2019, comme le confirme Aurélie Zanussi, responsable communication et sponsoring du groupe : “Ça correspond à nos valeurs, à nos combats pour valoriser la mixité, d’autant que 60% de nos collaborateurs sont des femmes et que notre clientèle, composée uniquement de professionnels de santé, se féminise énormément. À travers les aventures d’Isabelle, on permet aussi à de nombreuses femmes de réaliser que rien n’est impossible, qu’on peut aller au bout de son engagement et de ses rêves. On joue sur l’effet miroir afin de pousser nos collaboratrices et nos sociétaires à se projeter, à oser, comme elle.”
Parallèlement, la mutuelle d’assurances, avec Horizon Mixité, a mis en place depuis trois éditions une opération spéciale sur le Spi Ouest-France en constituant deux équipages 100% féminins avec des professionnelles de santé sélectionnées. “Le succès a tout de suite été au rendez-vous puisque nous avions reçu 160 candidatures l’an dernier, alors que certaines d’entre elles ont peu de temps libre à cause de leurs activités professionnelles”, explique Aurélie Zanussi.
La Transat Paprec pour “forcer le destin” bilan positif
Cette démarche volontariste est également celle de La Boulangère, “marque engagée pour une meilleure égalité hommes-femmes” selon son directeur général, Christophe Aillet. Depuis ses débuts dans le sponsoring voile en 2017, le fabricant de pains et viennoiseries préemballés a d’abord été partenaire-titre de deux éditions de la Mini-Transat (2017 et 2019) – “parce que c’est une des courses où il y a le plus de femmes”, confiait en 2017 Christophe Aillet. Puis il a aligné un équipage 100% féminin sur le Tour Voile (2018 et 2019), avant de soutenir Amélie Grassi en Class40 depuis 2021.
“C’est un super signal pour notre milieu, souligne cette dernière. Il y a une réelle volonté de la marque de promouvoir les projets personnels et sportifs des femmes via le programme Du Temps Pour Soi.“ Et si l’engagement a forcément aussi des visées commerciales pour une marque s’adressant d’abord à une clientèle féminine, Amélie Grassi évoque “une démarche sincère, une réelle envie d’aider à féminiser le milieu“. Et la skipper du Class40 La Boulangère Bio d’ajouter : “Jusqu’à l’adolescence, il y a presque autant de filles que de garçons dans les clubs de voile, la tendance s’inverse ensuite brutalement et les femmes s’effacent. Toutes les initiatives cumulées sont précieuses et vont dans le bon sens.”
Certaines de ces initiatives vont d’ailleurs plus loin : dans la foulée de The Ocean Race et du circuit SailGP, qui ont imposé la présence de femmes à bord, Paprec, partenaire-titre de la transat en double entre Concarneau et Saint-Barthélémy jusqu’en 2027, s’est mobilisé pour que la course soit désormais disputée en double mixte. “Nous avons constaté un certain plafond de verre pour les femmes, une difficulté à accéder aux circuits Figaro, Class40 ou Imoca, explique Thibault Petithugenin, directeur de la communication de Paprec Group. En accord avec OC Sport Pen Duick, l’organisateur, et la classe Figaro Beneteau, nous nous sommes attachés à forcer le destin, c’est un mouvement qu’il fallait lancer.”
Pour le groupe spécialisé dans la collecte et le recyclage des déchets, également engagé comme partenaire principal de la Solitaire du Figaro jusqu’en 2026, cette démarche fait en outre écho aux dispositifs mis en place en interne, pour “favoriser la mixité et l’égalité des chances afin que chaque femme puisse progresser au sein de l’entreprise.” Si une quinzaine de bateaux devraient prendre le départ de cette grande première, le 30 avril, Thibault Petithuguenin assure que ce format mixte est “voué à perdurer”, ajoutant : “La Transat Paprec est destinée à son échelle à participer au changement global de perception sur la place des femmes au sens large, ça permet aussi de porter dans la course au large ce message qui fait tant écho aux problématiques actuelles de notre société.