© Thomas Deregnieaux / Quaptur / Initiatives Coeur
Toute première transat en solitaire de l’histoire, née en 1960, The Transat CIC est de retour cette année après huit ans d’absence. Pour l’occasion, une grande partie de la flotte sera composée d’Imoca, puisqu’ils seront 35 solitaires (contre 6 en 2016) à se lancer le 28 avril de Lorient à l’assaut de l’Atlantique “par la face nord”, à destination de New York.
Entre l’Imoca et The Transat CIC, l’histoire a réellement commencé au début des années 1990 dans la foulée de la création de la classe des monocoques de 60 pieds (18,28 mètres), en 1991. Yves Parlier termine premier “Mono 60” en 1992, puis Gerry Roufs en 1996, mais c’est véritablement à partir de l’édition 2000 qu’un classement spécifique Imoca voit le jour sur celle qu’on appelle aussi la transat anglaise, organisée tous les quatre ans depuis sa première, en 1960. Et ce sont justement deux Anglais, Ellen MacArthur en 2000, puis Mike Golding quatre ans plus tard, qui inscrivent leur nom au palmarès. Loïck Peyron en 2008 et Armel Le Cléac’h en 2016 (il n’y a pas eu d’édition 2012) leur succéderont.
“Ce qui caractérise cette épreuve, c’est d’abord son parcours qui passe au travers des systèmes dépressionnaires. De par son format, cette course exigeante est adaptée à nos bateaux“, analyse Antoine Mermod, président de la classe Imoca. Et ce dernier de rappeler que l’autre grande particularité de The Transat CIC réside dans le fait qu’“elle a lieu l’année du Vendée Globe. En ouverture d’une énorme saison en solitaire, c’est non seulement un objectif à part entière, mais aussi un galop d’essai sportif et technique de tout premier plan.”
Ce que confirme Sam Davies, qui garde un souvenir fort de sa participation à l’édition 2008 (entre Plymouth et Boston), dont elle avait pris la cinquième place : “C’est une course géniale, très intense et fatigante, avec beaucoup de manœuvres, parce qu’on évolue face à tous les systèmes météo, les conditions sont en plus souvent dures, avec du froid et du brouillard. J’ai le souvenir d’avoir été hyper contente d’avoir réussi à arriver au bout, ça m’avait aidée à être mieux armée pour m’attaquer six mois plus tard au Vendée Globe. Le fait qu’elle ait lieu en début de saison, après le chantier d’hiver, permet en plus de valider structurellement les bateaux.”
Quatrième de l’édition 2016, Paul Meilhat, qui repart cette année sur Biotherm, abonde : “Quand tu prends le départ, tu sais que tu t’élances dans le dur. Et le rythme est soutenu jusqu’au bout, parce que quand tu arrives en approche des côtes nord-américaines, les systèmes s’enchaînent très vite : en une journée, tu passes un front froid, un front chaud, une dorsale ; et le lendemain tu recommences ! Au final, cet exercice permet d’accumuler une expérience irremplaçable. À l’arrivée, j’avais eu le sentiment d’avoir passé un gros cap dans mon parcours de skipper.”
Avec un plateau record de 35 inscrits, l’édition 2024 de The Transat CIC “promet de donner lieu à une bagarre exceptionnelle à tous les étages. Les moins expérimentés vont progresser et emmagasiner de l’expérience, tous vont vivre une véritable aventure pendant 12 jours”, analyse Antoine Mermod.
Une aventure qui a pour cadre Lorient, pour la première fois ville de départ, et New York, faisant dire à Sam Davies : “En tant qu’Anglaise, ça me fait un peu bizarre que la course ne parte plus d’Angleterre [de Plymouth entre 1960 et 2016, NDLR], mais quelque part, je suis aussi chez moi à Lorient, puisque c’est ici que sont basés l’équipe et le bateau Initiatives Coeur. Je suis vraiment heureuse de faire partie des marins qui vont relancer la tradition des départs de grandes courses à Lorient, qui est devenue la Mecque de la voile. Et arriver à New York, c’est très fort, on n’a pas beaucoup d’opportunités de le faire dans une vie de marin, ça m’est arrivé une fois, en 2017 sur The Bridge [à bord de l’Ultim Actual, NDLR], je suis très contente d’y retourner.”
Pour les partenaires des marins, l’arrivée sous le pont Verrazano puis au pied des buildings de Manhattan vaut également le détour, certaines équipes profitent d’ailleurs de leur passage par Big Apple pour mettre en place des opérations de communication. C’est notamment le cas du Team Malizia qui a prévu deux temps forts pour porter haut son message de la préservation des océans.
“Nous organiserons une journée pédagogique à l’école internationale allemande de New York et une grande conférence à l’ambassade allemande, The German House, autour de l’océanographe Sylvia Earle, qui partagera son immense expérience sur la question de la haute mer”, détaille Cornelius Eich, responsable des partenariats de l’équipe de Boris Herrmann. Des opérations qui feront écho à celles organisées à Lorient en amont du départ, destinées à mettre en avant les projets de décarbonation du transport maritime.